Assurance décennale : savoir qui fournit cette garantie de construction en France

Un constructeur qui intervient sans assurance décennale risque jusqu’à six mois d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Pourtant, certains professionnels continuent d’ignorer cette obligation, profitant de la méconnaissance des clients ou de la complexité du marché.

Contrairement à ce que beaucoup imaginent, toutes les compagnies d’assurance ne distribuent pas cette garantie, et certaines sociétés étrangères actives en France ne fournissent pas la même couverture qu’un assureur agréé localement. L’accès à la décennale varie selon l’activité, le passé de l’entreprise et le profil de ses dirigeants.

La garantie décennale : un pilier de la protection dans la construction

La garantie décennale façonne le secteur de la construction en France. Elle concerne tous les acteurs : artisans, entreprises générales, architectes, maîtres d’œuvre. Dès la réception des travaux, cette couverture protège le maître d’ouvrage. Elle intervient face à tout dommage pouvant menacer la solidité de l’édifice ou le rendre inutilisable pendant dix ans.

Ce socle juridique s’appuie sur la loi Spinetta de 1978 et le code civil. Lorsqu’un contrat d’assurance décennale est signé, le constructeur prend en charge les sinistres les plus graves. La garantie s’active en cas de fissures importantes, d’affaissement de structures, d’infiltrations durables ou de défauts sur la toiture. Les éléments indissociables du bâti, comme un plancher chauffant ou un escalier en béton, sont aussi concernés.

Attention à ne pas confondre cette garantie avec l’assurance dommages ouvrage. Souscrite par le maître d’ouvrage, cette dernière accélère l’indemnisation, sans attendre la résolution d’un litige sur la responsabilité. Avant de lancer un chantier, réclamer l’attestation d’assurance décennale est indispensable.

Pour mieux cerner ses caractéristiques, trois points essentiels méritent d’être rappelés :

  • Durée : dix ans à compter de la réception des travaux
  • Sinistres couverts : malfaçons graves, désordres structurels, vices cachés affectant la solidité
  • Obligation : l’absence de couverture entraîne des sanctions pénales et financières

Ces dernières années, le marché a traversé des périodes agitées, notamment à cause de la liquidation judiciaire de certains assureurs spécialisés en décennale. Il vaut donc mieux s’assurer de la solidité de l’assureur retenu, pour ne pas se retrouver sans protection effective.

Qui est concerné par l’obligation d’assurance décennale en France ?

La garantie décennale s’adresse à un vaste ensemble de professionnels du bâtiment. Toute structure intervenant sur l’ossature d’un ouvrage neuf ou existant doit disposer d’une assurance décennale avant le lancement du chantier. Cette exigence touche les constructeurs au sens large : entrepreneurs, artisans, auto-entrepreneurs, mais aussi architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’études techniques, techniciens certifiés.

Les promoteurs immobiliers et sociétés de promotion-construction sont également concernés. La responsabilité décennale s’applique dès que le professionnel conçoit, réalise ou coordonne des travaux de gros œuvre, de rénovation structurelle, d’agrandissement ou de construction neuve. Elle pèse même sur ceux qui confient le travail à des sous-traitants.

Voici les principaux types de travaux impliquant cette obligation :

  • Maçonnerie, couverture, charpente
  • Gros œuvre, VRD, fondations
  • Second œuvre impactant la solidité ou l’étanchéité

Le maître d’ouvrage, qu’il soit particulier ou professionnel, doit impérativement contrôler la validité de l’attestation de chaque entreprise présente sur le chantier. Faute de responsabilité civile décennale, le professionnel s’expose à des amendes, à l’interdiction d’exercer et à des recours des clients en cas de sinistre. Pendant dix ans après la réception des travaux, acquéreurs et propriétaires bénéficient d’une véritable sécurité juridique. Cette garantie structure le secteur et instaure un climat de confiance entre toutes les parties.

Obtenir une attestation d’assurance décennale : démarches, documents et délais

L’attestation d’assurance décennale est scrutée de près lors de la signature d’un marché ou à l’ouverture d’un chantier. Elle atteste de la souscription à une assurance décennale, comme l’exigent le code des assurances et la loi Spinetta. Sans ce document, impossible de démontrer qu’on est couvert contre les risques qui pourraient rendre l’ouvrage inutilisable ou fragile.

Pour l’obtenir, chaque constructeur, artisan ou société de bâtiment doit s’adresser à un assureur agréé. Les acteurs majeurs du secteur exigent un dossier complet, comprenant généralement un extrait Kbis, des attestations de qualification, un relevé d’expérience, le détail des activités et le chiffre d’affaires prévisionnel. L’assurance n’est jamais automatique : l’assureur examine le risque, la nature des travaux et le profil du demandeur avant de proposer un contrat.

Le délai varie en fonction de la situation. Si le dossier est complet et l’activité courante, certaines compagnies délivrent l’attestation en quelques jours. Pour des métiers à risques ou des profils sortant du cadre, la procédure peut durer plusieurs semaines, voire plus si des pièces complémentaires sont sollicitées.

Le document doit lister précisément les activités couvertes, la période de validité et le numéro du contrat. À chaque réception des travaux, remettre cette attestation au maître d’ouvrage s’impose. Cette formalité conditionne la régularité du chantier et protège tant le professionnel que son client.Agent d

Comment choisir une assurance décennale adaptée à vos travaux ?

Trouver la assurance décennale qui correspond à la réalité de votre chantier demande de la méthode. Chaque activité, chaque lot technique, chaque particularité d’ouvrage implique de vérifier attentivement garanties et exclusions. Le marché français regorge d’assureurs aux profils variés : certains s’adressent uniquement aux artisans, d’autres privilégient les entreprises générales ou les profils à risques.

Commencez par analyser la nature précise des travaux : rénovation ou neuf, gros œuvre ou second œuvre, spécialités structurelles ou lots techniques. Le contrat doit englober l’ensemble des interventions soumises à la garantie décennale. Il est aussi judicieux de comparer les plafonds d’indemnisation, la liste des dommages pris en charge, la gestion des malfaçons ou des vices cachés, ainsi que la réactivité en cas de sinistre.

Quelques critères concrets peuvent aiguiller votre choix :

  • Étudiez les franchises appliquées par l’assureur.
  • Vérifiez la solidité financière de la compagnie, notamment en cas de liquidation judiciaire de l’assureur.
  • Assurez-vous de la présence d’extensions pour des travaux particuliers (toiture, fondations, ouvrages en bois…).

La souscription d’une assurance décennale mérite réflexion et rigueur. Mieux vaut choisir un interlocuteur familier de votre secteur, capable d’accompagner chaque étape, du montage du contrat à la gestion des déclarations de sinistre. Un contrat adapté garantit la continuité de votre activité et la tranquillité du maître d’ouvrage, même en cas d’imprévu sur le chantier.

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